Quand vous entendrez le son du chofar, tout le peuple poussera de grands cris. Alors la muraille de la ville s'écroulera... (deuxième partie)

Publié le par Matthieu C.

De plus en plus difficilement, Nataniel essayait de rester calme. Pour y parvenir, il se brancha en pilote automatique, menant sa propre réflexion intérieure pendant que sa mère se plaignait, ou que son père le blâmait, il ne savait plus trop lequel des deux parlait à présent. Et de toutes façons, ni les pleurs ni les reproches n’auraient pu changer sa décision, qui avait été mûrie avant d’être annoncée à ses parents. Il allait vivre selon son cœur et devenir un Traifener bain, un juif qui ne respecte pas la loi juive. Mais lui ne se sentait même plus juif. Ce concept lui était devenu de plus en plus étranger au fur et à mesure de son cheminement personnel qui l’avait mené jusqu’à cette soirée. Il allait vivre selon sa voie, selon son cœur, et non selon son choix (il refusait obstinément que le terme de « choix personnel » soit appliqué à sa situation).


La voix devenue plus forte de son père le remis en pilotage manuel :

- « Et en plus, tu n’écoutes même pas ce que dit ta mère, tu nous manques de respect. Déjà tu oublies la loi qui commande d’honorer son père et sa mère. Tu vas vivre avec les goyim, et déshonorer tes parents ».

 

Pour la troisième fois, sa mère parla, mais la voix tellement déchirée par l’émotion que Nataniel se demanda quelle était la part de comédie et quelle était la part de sincérité de la part de sa mère. Son problème était qu’elle surjouait :

- « Quand je pense aux grands-parents Cohen, à leurs parents, aux parents de leurs parents et aux parents des parents de leurs parents et à leurs parents, et ça, jusqu’à Moïse… »

 

Nataniel se rebrancha en pilote automatique ; il connaissait l’histoire des Cohen par cœur, et aurait pu réciter ce que sa mère était en train de dire ; sa mère, née Cohen, tenait très à cœur son rôle de descendante directe de Aaron, le frère de Moïse. Elle n’admettait pas qu’on la contredise, et elle voyait dans chaque contradiction directe ou indirecte une attaque en règle contre elle-même, mais surtout contre Aaron et contre la cohorte de Cohen qui reliait ces deux êtres indissociables de l’histoire du judaïsme. Sa mère était en train de conclure par un passage appris par cœur lorsqu’il se remit à l’écouter :

- « Les prêtres ne se tonsureront pas, ils ne se raseront pas les coins de la barbe, ni se feront d'incisions sur leur corps. Ils doivent rester sains pour leur D., et ne pas profaner le nom de leur D. ... Ils n'épouseront pas une femme prostituée ou déshonorée, ni une femme répudiée par son mari ni une convertie, il devront épouser une femme de leur peuple qui soit vierge, le COHEN ne devra approchera aucun corps mort ni côtoyer une personne souillée par un cadavre".

- « Mais tu vas trop loin ! C’est pas… »

Le rabbin coupa la parole à son fils, pendant que la rebbetsen sortait un mouchoir dont la taille atteignait quasiment celle d’un drap, sans doute une image de son immense chagrin :

- « Ecoute mon fils, demain, je t’accompagne chez Simon Schnitzel, le schadchen. Il a réussi à marier tellement de monde par le passé. Tu sais, la petite Divona Mushithal, celle qui était plus poilue qu’un régiment de portugais, c’est Simon qui a réussi à la marier, il y a 6 mois déjà. Alors dès demain on y va, tu oublieras tes projets absurdes, tu rencontreras une maidel de chez nous, tu l’épouseras, et cette soirée ne sera qu’un mauvais souvenir dont nous ne parlerons plus ».

[à suivre…]

 

Matthieu

 

Publié dans critiquons

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M
test
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M
Moi aussi ça commençait à me gaver ce bleu ignoble, et comme je suis pas doué, j'ai repris le truc de base !
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M
Merci Matthieu pour cette seconde partie !<br /> Je préfère aussi le nouveau décor...
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Y
Il est vachement mieux le design comme ca. <br />
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M
Demain la suite (et fin)
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