Tous les Ouin-Ouin du monde
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Normalement, quand je parle du bureau, c’est pour raconter les conneries de Ouin Ouin, les délires de Simone. Pas aujourd’hui. Hier, un collègue a reçu un coup de fil de sa fille qui lui a dit que son meilleur ami (à sa fille) venait de se tuer en voiture. Ouin Ouin a aussitôt demandé s’il était mort du coup du lapin ou s’il avait saigné, avant d’ajouter que c’était finalement préférable à finir sa vie en fauteuil roulant.
Je me suis, du coup, souvenu de Christine, avec qui j’étais en stage. Il y avait aussi Jérôme, qui avait une cicatrice impressionnante à la tête. On ne savait pas d’où elle venait, jusqu’au jour où il nous a appris qu’il avait été victime d’un grave accident de voiture, en compagnie de 2 amis. Christine, l’œil gourmand, lui a demandé :
- «Et ils sont morts ? »
Aujourd’hui, Christine a un cancer du sein. J’espère qu’elle s’en sortira, mais j’espère aussi que des gens bien intentionnés viendront lui demander : « alors, c’est dur ? tu souffres ? t’en chie ? ».
Pour tous ces gens-là, ce truc écrit un peu sous le coup de la colère.
Tous les ouin-ouin du monde
Se repaissant du sang d’autrui,
Les ouin-ouin aiment les tragédies
Accidents, crimes, meurtres en série
Douleurs, peine, tout ce qui détruit
Alléchés par l’odeur du sang,
Ils en redemandent, des détails
Affamés de bouts croustillants
Bouts de cadavres, ils font ripaille
Pauvres vautours des sentiments,
Charognes des douleurs, des souffrances,
Vermines de la tristesse, des bouleversements
Souillures, immondices, dont l’œil danse
Vous pouvez les voir de partout
L’œil, l’oreille, tendus, aux aguets
Guettant la tristesse mais surtout
Le macabre, pour se rassasier
Ils, elles surjouent la compassion
Prennent l’air triste et la voix défaite,
Mais ils ne sont que des pauvres cons,
Avec leurs mots de canisette
« Tu souffres, tu as mal, c’est dur hein ?
J’ai connu, mais pas aussi fort
Tu vas en baver, c’est certain,
Maintenant qu’il s’est éteint, mort
Finalement, là où il est,
Dans sa caisse, mort et souriant
C’est mieux que d’être handicapé
Poussé dans un fauteuil roulant »
Idiots ! Fermez vos gueules de cons,
La douleur ne se partage pas !
Le jour où vous connaîtrez ça,
Je serai là, à rire pour de bon
A rire de vos sanglots, vos peines,
A rire pour venger ceux que vous
Avez blessé avec vos lexèmes
Avez tué avec vos mots fous
J’irai cracher sur vos tombes,
J’irai vomir sur votre cercueil
A l’église, je foutrai des bombes,
Jamais ne respecterai vos deuils.