Ilan Halimi est mort, mais faut aimer les phoques quand même.

Publié le par Matthieu C.

Message personnel à ceux qui viennent pousser de déchirants appels à la tolérance, au respect de l’autre et laisse de vibrants commentaires contre le racisme (mais pas l’antisémitisme) dans les commentaires des notes sur Ilan Halimi : j’aurais trouvé vos cris indignés contre TOUTES les formes de racismes, vos emportements contre la ségrégation tellement plus sincères si, lorsque je parlais du racisme envers les noirs (par exemple), vous étiez venu me dire de ne pas oublier l’antisémitisme. Je vous aurais presque cru si votre antiracisme n’était pas à sens unique.

 

Les commentaires disant qu’il ne faut pas monter une communauté contre une autre sont d’un racisme consommé. Ces phrases sont une insulte à ce que sont les noirs (parce que là, oui, on parle des noirs) ; dire que Fofana est un assassin antisémite est pour vous insoutenable, ça exacerbe, selon vous (qui êtes bien blancs) les tensions entre ce que vous appelez « communauté », comme s’il existait une communauté noire, regroupée autour de ce seul critère. Vous estimez être supérieurs, en classant les autres dans des communautés, vous-même n’appartenant bien évidemment à aucune communauté, et surtout pas à la communauté blanche. Vos propos sous-entendent que les noirs seraient indignés qu’on parle d’antisémitisme envers Ilan Halimi. Pour vous, tous les noirs se valent, il n’y a que des bons, gentils, qui ont le rythme dans la peau et un très gros sexe. Mais vous insultez l’ensemble des personnes de couleur noir en refusant qu’on puisse traiter un noir d’antisémite, au nom d’on ne sait quel principe de généralisation.

 

Lorsqu’il y a quelques temps, je recevais une pétition appelant à protester contre le massacre des phoques, j’en avais rigolé. Vous aussi (enfin, c’est ce que laissaient penser vos commentaires). Pourtant, aucun d’entre vous n’est venu dire de ne pas oublier les hermines, dont la chasse est toute aussi atroce. Non, nous avions parlé des phoques. Pour Ilan Halimi, vous n’avez pas écrit une seule fois qu’il s’agissait d’antisémitisme (sans rien ajouter derrière). Non, votre courroux est allé vers l’homophobie, le racisme, la xénophobie. Alors que pour les phoques, nous n’avons parlé que de phoques, pour Ilan Halimi, vous vouliez parler de tout sauf d’antisémitisme.

 

Refuser de nommer l’antisémitisme et se réfugier derrière des généralités, c’est refuser de voir que des choses vont mal en France. Dire « racisme » lorsqu’on parle d’antisémitisme, c’est ET refuser une réalité, ET noyer le poison du racisme en le citant dès que l’occasion se présente. Lorsqu’on parle d’homophobie, on parle d’homophobie. Lorsqu’on parle de racisme, on parle de racisme. Alors, s’il vous plait, lorsqu’on parle d’antisémitisme, parlons d’antisémitisme !

 

Un jour (il n’y a pas de raison que ça n’arrive jamais, vu le contexte actuel), un noir se fera assassiner parce qu’il est noir. Je vous attendrai, venir nous parler d’antisémitisme, en refusant obstinément de parler de racisme envers les noirs.

 

Un jour, quelqu’un proposera d’éliminer de la surface de la terre les noirs et les juifs. Et, drapés dans votre vertueuse conscience, nous vous verrons vous lever, indignés, pour demander : « mais pourquoi les noirs ? ».

 

Matthieu

Publié dans C'est pas drôle

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D
Bonjour,<br /> Quelques commentaires sur votre texte.<br /> "Refuser de nommer l’antisémitisme et se réfugier derrière des généralités, c’est refuser de voir que des choses vont mal en France. "=>Si on avait déclaré que c'était de l'antisémitisme (et donc fait moins de généralités), les choses iraient-elles mieux en France ? Cela reste un crime, point barre. Il faut agir contre cette violence raciste dans tous les cas. Car, il est également possible d'interpréter de la manière suivante : à vouloir restreindre cette affaire à de l'antisémitisme, vous occultez tous les autres problèmes liés au racisme qui ne touchent pas que les juifs.<br /> "Dire « racisme » lorsqu’on parle d’antisémitisme, c’est ET refuser une réalité, ET noyer le poison du racisme en le citant dès que l’occasion se présente." Again, l'antisémistisme étant une forme de racisme, on peut difficilement refuser la réalité en utilisant le terme de "racisme". Qu'il fut juif, peut importe, le drâme est qu'il est mort en raison de ses orignes. La seule différence de langage, c'est qu'il existe une expression en un seul mot dans la langue francaise pour décrire ce qui est arrivé à Ilan.<br /> "Un jour (il n’y a pas de raison que ça n’arrive jamais, vu le contexte actuel), un noir se fera assassiner parce qu’il est noir.". Comme si cela n'était pas déjà survenu des dizaines de fois. De nombreuses personnes sont mortes durant ces dernières années parce qu'elles étaient noires. Je n'ai que rarement entendu des voix s'exprimer sur le thème de :"...venir nous parler d’antisémitisme, en refusant obstinément de parler de racisme envers les noirs.". Le racisme a toujours été cité. Again, si votre problème est qu'il n'existe, dans la langue française, aucun forme d'expression en un seul mot pour "racisme envers les noirs", faut plutôt vous voir du côté de l'académie ou des dictionnaires.<br /> "Un jour, quelqu’un proposera d’éliminer de la surface de la terre les noirs et les juifs.". Ca me rappelle un gars qui a dit "...éliminer de la surface de la terre les communistes, les gays et les juifs, plus d'autres...". A ma connaissance (bien limitée je l'avoue), personne ne s'est levé, indigné, pour demander : "Pourquoi les communistes et les gays ?". <br /> Didier.<br />
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M
"à vouloir restreindre cette affaire à de l'antisémitisme, vous occultez tous les autres problèmes liés au racisme qui ne touchent pas que les juifs." ==> on est en plein dedans. Ce que j'essaie désespérement de dire, c'est que la mort d'Ilan Halimi concerne un jiuf, même si cela vous déplait fortement.
D
Bonjour,<br /> "Refuser de nommer l’antisémitisme et se réfugier derrière des généralités, c’est refuser de voir que des choses vont mal en France. " => Si on avez
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M
Oui ? Vous vouliez dire quelque chose ?
U
Par contre ceux qui ne pensent pas comme toi sont censurés.
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M
Même pas !Un truc technique: dans la page d'administration d'Over-Blog, le symbole pour supprimer un commentaire et celui pour visualiser un commentaire et y répondre sont côte à côte.J'ai, par erreur, supprimé ton commentaire. Comme tu n'as pas laissé d'adresse mail, ni d'adresse de blog (je n'ai que ton adresse IP), je n'ai pas pu t'écrire pour te demander de reposter ton commentaire.Alors t'emballe pas trop, reste calme, bois une tisane et reviens !
B
C'est certain que l'histoire traduit une grande part d'antisémitisme de la part de la bande de Fofana. Ce n'est pas du racisme que de dire que Youssouf Fofana est une sale ordure. Seule les actes commis m'amènent à ce jugement.<br /> Je suis tombé sur une interview d'un psychologue à propos de la cruauté de ce qui s'est passé. Il a d'abord dit qu'il n'avait pas tous les éléments pour dégager la meilleure explication mais il a tenu à donner une thèse qui est assez intéressante. Pourquoi ajouter de la cruauté à un crime ? D'après certains psychologues, se serait pour garder l'estime de soi. En commettant un délit on affaibli cette estime sauf si on transforme le délit comme un acte "normal". Pour cela on va animaliser en fait la victime. Etre cruel envers un être humain c'est le transformer en animal. C'est une des explications qui a été retenu pour la cruauté des gardiens des camps de concentration. <br /> Je l'explique comme je l'ai compris. Cela ne change rien au sort du pauvre Ilan Halimi. Cela n'est pas une circonstance atténuante au gang de Bagneux. Mais c'est un travail de psychologues qui essaient de comprendre ce qui peut se passer dans la tête de certaines personnes.<br />  
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M
Mais arriver a déshumaniser quelqu'un, c'est quand même terriblement avilissant pour soi...En déshumanisant Ilan Halimi, ses bourreaux se sont eux-mêmes comportés de manière inhumaine
N
Salut Matthieu<br /> T'es mignonne avec tes leçons de morale.<br /> C'est un peu gonflant de lire sans arrêt de la part de l'un ou l'autre ce qu'on est censé penser pour rester "fréquentable", mais c'est l'inévitable travers des blogs. J'imagine.<br /> Bref, malgré ça j'aime bien ton style. Je me suis bien fendu la poire avec ton laius sur les lesbiennes.<br /> Merci à toi.<br /> nenesse<br />  
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M
"Ce qu'on est censé penser pour rester fréquentable" ===> Pas du tout. Ceux qui ne pensent pas comme moi n'en sont pas pour autant infréquentables, rassure-toi.