Ilan Halimi est mort, mais faut aimer les phoques quand même.
Message personnel à ceux qui viennent pousser de déchirants appels à la tolérance, au respect de l’autre et laisse de vibrants commentaires contre le racisme (mais pas l’antisémitisme) dans les commentaires des notes sur Ilan Halimi : j’aurais trouvé vos cris indignés contre TOUTES les formes de racismes, vos emportements contre la ségrégation tellement plus sincères si, lorsque je parlais du racisme envers les noirs (par exemple), vous étiez venu me dire de ne pas oublier l’antisémitisme. Je vous aurais presque cru si votre antiracisme n’était pas à sens unique.
Les commentaires disant qu’il ne faut pas monter une communauté contre une autre sont d’un racisme consommé. Ces phrases sont une insulte à ce que sont les noirs (parce que là, oui, on parle des noirs) ; dire que Fofana est un assassin antisémite est pour vous insoutenable, ça exacerbe, selon vous (qui êtes bien blancs) les tensions entre ce que vous appelez « communauté », comme s’il existait une communauté noire, regroupée autour de ce seul critère. Vous estimez être supérieurs, en classant les autres dans des communautés, vous-même n’appartenant bien évidemment à aucune communauté, et surtout pas à la communauté blanche. Vos propos sous-entendent que les noirs seraient indignés qu’on parle d’antisémitisme envers Ilan Halimi. Pour vous, tous les noirs se valent, il n’y a que des bons, gentils, qui ont le rythme dans la peau et un très gros sexe. Mais vous insultez l’ensemble des personnes de couleur noir en refusant qu’on puisse traiter un noir d’antisémite, au nom d’on ne sait quel principe de généralisation.
Lorsqu’il y a quelques temps, je recevais une pétition appelant à protester contre le massacre des phoques, j’en avais rigolé. Vous aussi (enfin, c’est ce que laissaient penser vos commentaires). Pourtant, aucun d’entre vous n’est venu dire de ne pas oublier les hermines, dont la chasse est toute aussi atroce. Non, nous avions parlé des phoques. Pour Ilan Halimi, vous n’avez pas écrit une seule fois qu’il s’agissait d’antisémitisme (sans rien ajouter derrière). Non, votre courroux est allé vers l’homophobie, le racisme, la xénophobie. Alors que pour les phoques, nous n’avons parlé que de phoques, pour Ilan Halimi, vous vouliez parler de tout sauf d’antisémitisme.
Refuser de nommer l’antisémitisme et se réfugier derrière des généralités, c’est refuser de voir que des choses vont mal en France. Dire « racisme » lorsqu’on parle d’antisémitisme, c’est ET refuser une réalité, ET noyer le poison du racisme en le citant dès que l’occasion se présente. Lorsqu’on parle d’homophobie, on parle d’homophobie. Lorsqu’on parle de racisme, on parle de racisme. Alors, s’il vous plait, lorsqu’on parle d’antisémitisme, parlons d’antisémitisme !
Un jour (il n’y a pas de raison que ça n’arrive jamais, vu le contexte actuel), un noir se fera assassiner parce qu’il est noir. Je vous attendrai, venir nous parler d’antisémitisme, en refusant obstinément de parler de racisme envers les noirs.
Un jour, quelqu’un proposera d’éliminer de la surface de la terre les noirs et les juifs. Et, drapés dans votre vertueuse conscience, nous vous verrons vous lever, indignés, pour demander : « mais pourquoi les noirs ? ».