Explication de texte : Fernand (Jacques Brel)

Publié le par Matthieu C.

Bon alors aujourd’hui pas de note toute fraîche, une réchauffée (que j’avais posté sur un forum), parce qu'après Brassens, voici Brel, en attendant Ferré :

 

Dire que Fernand est mort
Dire qu'il est mort Fernand

C'est vrai ; on peut tout à fait dire que si Fernand est mort, c'est qu'il est mort Fernand. Et ça marche avec plein de choses « dire que mon frigo est vide / dire qu'il est vide mon frigo ».

 

Dire que je suis seul derrière
Dire qu'il est seul devant

Idem. Si Brel est derrière, c'est que Fernand est devant. Brel utilise 4 vers pour exprimer quelque chose qui aurait pu se dire en 2 vers. Ca meuble.

 

Lui dans sa dernière bière
Moi dans mon brouillard
Lui dans son corbillard
Moi dans mon désert

Epreuve de visualisation : Fernand est dans sa bière dans le corbillard, Brel dans une nuée de brouillard dans le désert. C'est  plus Jacques Brel, c'est Moïse guidant son peuple hors d'Egypte.

 

Devant y a qu'un cheval blanc
A Paris en 1968, ça existait pas les voitures ? Ou bien Fernand est dans le corbillard, et devant le corbillard, un cheval blanc marche en tête. Ca aurait de la gueule, ça ressemblerait à l'enterrement de Nadine de Rotschild.

 

Derrière y a que moi qui pleure
Dire qu' a même pas de vent
Pour agiter mes fleurs
Moi si j'étais l'Bon Dieu
Je crois qu'j'aurais des remords
Dire que maintenant il pleut

Cette chanson a été composée par Sophie Davant, qui n'a pu s'empêcher de glisser des cnsidérations météorologiques (le vent, la pluie…). L'idée de départ était « dire que maintenant il pleut sur Paris, mais l'anticyclone des Açores protège le golf du Lion, où la mer est belle à peu agitée ». Mais ça rentrait pas.

 

Dire que Fernand est mort
Bon, si là, vous n'avez pas compris que Fernand est mort, il ne vous reste plus qu'à vous replonger dans l'intégrale de Didier Barbelivien.

 

Dire qu'on traverse Paris
Dans le tout p'tit matin
Dire qu'on traverse paris
Et qu'on dirait Berlin

A la recherche de la rime facile : pourquoi Berlin ? OK, il avait besoin d'une ville qui finisse en –in. Il y avait Tourcoing, Dublin, Berlin… Brel choisit Berlin, on ne saura pas pourquoi. Parce que Dublin à la fin des années 60 n'était pas vraiment moins lugubre que Berlin.

 

Toi, toi, toi tu sais pas
Tu dors mais c'est triste à mourir

C'est tellement triste à mourir que Fernand… est mort. Mais si, rappelez-vous, Brel l'a déjà dit.

 

D'être obligé d'partir
Quand Paris dort encore

Tandis qu'il n'y a rien de plus joyeux que d'assister à un enterrement quand il fait soleil. D'où le proverbe « enterrement pas pluvieux, enterrement heureux ».

 

Moi je crève d'envie
De réveiller des gens
J't'inventerai une famille
Juste pour ton enterrement

Brel ne pouvait pas raconter un enterrement « classique », avec un mort qui a une famille. Non. Brel ne s'abaisse pas à narrer cela. Il lui faut un VRAI enterrement, avec un mort SEUL, sans famille, dans un Paris gris et pluvieux (sans vent). Mais non, Brel ne cherche pas à en
rajouter dans le côté mélodramatique.

 

Et puis si j'étais l'Bon Dieu
Je crois que je ne serais pas fier
Je sais on fait ce qu'on peut
Mais il y a la manière

Exact. Et, comme dirait ma grand-mère, « ça ne mange pas de pain ». Et en avril, ne te découvre pas d’un fil.

 

Tu sais je reviendrai
Je reviendrai souvent
Dans ce putain de champ
Où tu dois te reposer
L'été je ferai de l'ombre
On boira du silence

Brel était d'ailleurs connu pour ça : chacun sait qu'il buvait beaucoup trop de silence. Son médecin lui disait « Monsieur Brel, arrêtez de boire du silence, vous allez en mourir ».

 

À la santé d'Constance
Qui se fout bien d'ton ombre

A la recherche de la rime facile (2) : ombre rime avec… ombre. Pourquoi faire compliqué quand on peu faire simple ?

 

Et puis les adultes sont tellement cons
Qu'ils nous feront bien une guerre
Alors je viendrai pour de bon
Dormir dans ton cimetière

Le jour où une guerre est déclenchée, Brel déserte l'armée Belge et va passer ses nuits au cimetière du Père Lachaise à dormir sur la tombe de Fernand.

 

Et maintenant bon Dieu
Tu as bien rigolé
Et maintenant bon Dieu
Et maintenant j'vais pleurer


Effectivement. Quand Brel a relu sa chanson, il a pleuré.

 
 

Matthieu

Publié dans critiquons

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Commenter cet article
M
Soit tu n'as absolument rien compris à cette magnifique chanson, soit tu as voulu faire de l'humour et c'est complètement raté. Pitoyable dans les deux cas. Laisse Brel tranquille si c'est pour massacrer ses textes !
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B
Blasphème !
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D
Oh quelle hérésie !
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A
Tentative d'humour ou analyse à prendre au 1er degré ? Peu importe, dans un cas comme dans l'autre, t'es complètement à côté de la plaque...
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N
Une des plus belles chansons de Brel, ça fait limite mal au cœur que tu soies aussi bien référencé !!
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