Que cest triste un train qui siffle dans le soir
Je ne sais pas sil existe un endroit plus triste que les gares. A part les cimetières bien sûr. Et encore
Parce que prendre le train, cest toujours partir dun endroit. Et personnellement, je préfère arriver que partir (et faire de la philosophie, ça va de soi). Et puis, comme dit lautre, partir, cest mourir un peu (et je ne sais plus qui a répondu «oui mais mourir cest partir beaucoup»).
Non, franchement et puis, jusquà ce que le train soit là, on nest pas sûr de partir. Ben oui, à la SNCF, tout est réellement possible. Mais, des fois, le train est à lheure, on nest pas triste et on part (lavantage de cette phrase, outre sa profondeur insondable, cest quon peut changer les mots de place, ça veut toujours dire la même chose). Et des fois, on rencontre des gens.
Cette femme médecin à la retraite par exemple. Elle ma parlé pendant deux heures (et deux heures avec une femme médecin qui tente continuellement de remettre son dentier en place avec sa langue, cest long) des difficultés de vivre à Paris quand on a un grand appartement qui coûte un million deuros et quon est seul avec ses meubles dépoque. Je nai pas osé lui parler de la difficulté de vivre à Vesoul dans un deux pièces avec des meubles dépoque Ikea, tout simplement parce que je nai jamais vécu à Vesoul.
Je me souviens aussi dun TER dans lequel un seul compartiment était fumeur, tout le reste du train étant non fumeur. Une dame dun certain âge (une chieuse) vient sasseoir, et, au moment où jallume ma cigarette, me dit « excusez-moi monsieur, je ne supporte pas lodeur de la cigarette ». Moi, très poli : « Madame, lensemble du train est non fumeur, cest quand même pas de chance que vous vous trouviez à côté de moi ». Elle me répond quelle na pas trouvé dautre place assise, et je vais donc fumer en dehors du compartiment, avec les autres voyageurs de ce même compartiment. Un quart dheure plus tard, voilà cette dame qui enlève ses chaussures. Je riais trop intérieurement pour lui dire : « excusez-moi madame, je ne supporte pas lodeur des pieds ».
Je me souviens aussi de ma rencontre la plus sympa : un moine (là, je ne suis pas ironique). Franchement, un moine de 25-26 ans, qui parle de façon posé de sa vie et qui discute de façon aussi intéressante, je savais pas que cétait possible. Bon,on voyageait avec un jeune qui nous a expliqué comment faire sauter le verrou dune BMW (avec une balle de ping-pong coupée en deux), explication qui a dû passionner le moine. Oui, on sait jamais !
Ce moine ma raconté son quotidien (ballèze le quotidien dun fransiscain quand même), des ses rigolades (oui, un moine peut rire. Bon, pas quand on raconte lhistoire des deux putesdans un ascenceur, mais bon ), dun copain à lui, étudiant en médecine, qui se destinait à être neurologue, et qui a tout lâché pour devenir trappiste (cest le pire : ils nont pas le droit de parler de toute la semaine, ils vivent seuls dans un hermitage).
Cest vrai, avec la SNCF, tout est possible.
Matthieu