Valse funèbre
Cette semaine on a eu droit à une valse médiatique funèbre. Une valse à trois temps, bien sûr, avec des images de visages décharnés, fatigués, et des spectateurs heureux de contempler la souffrance.
Premier temps : Terri Schiavo, cette américaine plongée dans le coma depuis 15 ans, que son mari voulait débrancher, mais que ses parents voulaient laisser végéter. Un combat législatif et juridique minable, dans lequel Bush sest une fois de plus ridiculisé, puisque les différentes cours ont refusé dentendre les arguments des « laissez la vivre ». Bush est quand même un personnage étonnant : anti-avortement, parce que cest un crime, partisan de laisser cette pauvre femme reliée à des appareils, il a été gouverneur de lEtat qui a le plus condamné à mort des gens en pleine forme. Faudrait quand même savoir.
Si on écarte toutes les personnes non concernées par cette affaire, il sagissait réellement dun drame personnel : les parent de Terri Schiavo qui espéraient follement que leur fille allait se réveiller dun côté, son mari de lautre, qui sétait lassé dune attente interminable et qui a maintenant une autre compagne de laquelle il a deux enfants.
Et que sest-il passé ? Personne ne prenant ses responsabilités, on a laissé cette femme se dessécher comme une plante, en la privant de nourriture. Putain mais ya pas un médecin pour faire une injection ? Il a fallu attendre 15 jours avant quelle meure de faim et de soif. Pour le coup, la mort a été véritablement une délivrance. On ne laisse pas les chiens crever de faim comme ça. Eux ont droit à une injection. Tierri Schiavo valait moins quun chien.
Second temps : le prince Rainier. Partant du principe selon lequel il vaut mieux être roi dans son village quesclave à Rome, il avait réussi à augmenter la surface de Monaco de20 %, grâce à largent sale notamment. Après de multiples rumeurs dabdication en faveur de son fils ces 10 dernières années, il va enfin lâcher la rampe, laissant le pouvoir à ce pauvre Albert, qui narrive pas à avouer que le seul truc qui lintéresse chez les femmes est leurs vêtements. Caroline va trimballer son boxeur à lenterrement, tandis que Stéphanie se demande quel homme ira bien avec sa robe de deuil. Quon réserve une place si importante dans lactualité à un homme qui nest que le chef dun bout de rocher qui fait le bonheur des trafiquants de drogue, alors quon ne parle pas des plus de 10millions denfants de moins de 5 ans qui meurent chaque année.
Troisième temps : le pape.Cet homme va mourir, et tout le monde le sait. Dimanche, les fidèles massés place Saint Pierre ont pu admirer son visage marqué par la souffrance, ils ont pu contempler cet homme incapable de parler, et pleurer devant ce spectacle pathétique dun mourrant qui va jusquau bout. Il fallait quand même oser montrer un pape dans cette position. Et oser venir contempler cette souffrance. En 2000 ans, Rome na pas changé. On vient toujours admirer la mort des autres.
Matthieu