It's ok to be gay
Cest laccroche dune pub, que javais vu un jour dans un magazine gay (oui, pas dans La Croix) pour un numéro de téléphone, où, moyennant la modique somme de 0,53 TTC la minute, vous pouvez entendre « Eric se faire prendre dans la douche par Kevin après lentraînement de foot ». Mais en fait, le sujet nest pas là (Eric et Kevin). Juste sur le « ok ».
En fait, je voudrais juste parler aux gens qui stigmatisent lhomosexualité, comparant les gays à des bêtes ou les vouant aux flammes de lenfer. Oui, une sorte de lettre ouverte. Jaurais voulu leur dire plein de choses.
Jaurais voulu leur parler de ces noël dans la famille, où il faut nier le cadeau de Jules, la nouvelle montre. Pour déclarer que ce nest quun truc quon sest acheté le mois dernier, comme ça, sans aucune raison. Alors que cest le cadeau de Jules.
Jaurais aussi voulu leur parler de ce réveillon et de ce jour de noël où il nest pas possible de souhaiter un joyeux noël à Jules, parce que ses parents ne savent pas. Impossible de lappeler donc, dentendre sa voix souhaiter un bon noël, ou quelque chose dans le genre. Pas un mot. Peut-être un SMS, qui dégage autant de chaleur que Bernadette Chirac à un bal de charité.
Jaurais aussi voulu parler de la négation permanente de Jules vis-à-vis des gens comme eux, qui ne tolèrent même pas les gays dans leur monde. Le fait de toujours devoir dénier avoir une copine, et toujours être sur la défensive, toutefois en se taisant quand même. En fait, ne pas parler de Jules, faire comme sil nexistait pas.
Jaurais aussi voulu parler de la peur quand on entend parler de lagression dune personne uniquement en raison de son orientation sexuelle, et de linquiétude de voir que rien nest fait (ou que lorsque quelque chose est fait, une bande de connards tente par tous les moyens de sopposer à une loi sur lhomophobie par exemple).
Jaurais aussi voulu leur dire que tous les homosexuels ne sont pas comme les camionneuses en débardeurs pleines de poils partout ou comme ces folles hystériques vêtues de roses, qui trémoussent leurs petits culs aux fenêtres des gens en hurlant « ouh ouh, je suis pédé ». Leur dire quen fait, la majorité ne ressemble pas à ces clichés vulgaires, mais oh combien utiles pour projeter le spectre de lanormalité.
Jaurais aimé leur parler de ce quon ressent en face de réflexions du style « Si tavais été, entre guillemets, normal, je sais pas si » ou bien « oh, tes homo ? ben jespère que tu te protège ». De ce quon pense à ce moment là, de la différence entre ce quon voudrait répondre et ce quon répond.
Ouai, jaurais voulu leur dire le poids du secret, des silences, des non-dits, des cachotteries, pour satisfaire les membres dune société qui sopposent à toute loi contre les discriminations en raison de lorientation sexuelle, mais qui nhésitent pas à avoir des relations sexuelles avec des mineures (oui, mais des filles, diront-ils pour se justifier).
Bien sûr, je naurais jamais loccasion de le leur dire, cétait simplement mon vux de noël.
Matthieu